San Pedro, perle du sud-ouest de la Côte d’Ivoire, brille de mille feux, mêlant harmonieusement tradition et modernité. Capitale du district du Bas-Sassandra, cette ville aux multiples facettes séduit par son dynamisme économique, sa richesse culturelle et la splendeur de ses paysages. Cependant, derrière cette façade économique prospère, se cache une réalité complexe, où la jeunesse peine à trouver sa place.
Avec ses 390 654 habitants, selon le recensement général de la population et de l’habitat (Rgph) 2021, San Pedro s’affirme comme la 5e ville la plus peuplée de la Côte d’Ivoire, après Abidjan, Bouaké, Korhogo et Daloa, devançant même la capitale politique, Yamoussoukro. Habitée par une population d’origine diverse, la ville respire la diversité et la vivacité de la culture ivoirienne et africaine.
San Pedro est bien plus qu’une simple ville ; c’est un véritable poumon économique pour la Côte d’Ivoire. Deuxième région économique du pays après Abidjan, elle doit cette place de choix à son Port Autonome et à ses zones industrielles florissantes. En vrai, cette attractivité économique n’enlève rien au charme naturel de la région, prisée par les touristes pour ses magnifiques plages et ses sites pittoresques.
À 368 km à l’ouest d’Abidjan et 462 km au sud-ouest de Yamoussoukro, San Pedro bénéficie d’une situation géographique stratégique, propice aux échanges commerciaux et aux rencontres culturelles. Les villes environnantes, telles que Monogaga et Grand-Béréby, offrent également des trésors naturels et culturels qui en font des destinations incontournables pour les amateurs de découvertes.
La ville de San Pedro est donc un condensé de tout ce que la Côte d’Ivoire a de meilleur à offrir : une population chaleureuse et accueillante (qui s’est prouvé récemment lors de la Can 2023), une économie florissante, une culture riche et des paysages à couper le souffle. Une visite à San Pedro, c’est plonger au cœur de l’âme ivoirienne, entre traditions ancestrales et modernité effervescente.
La construction du port et le développement de San Pedro
Contrairement à la rumeur populaire, San Pedro n’a pas été acheté par Félix Houphouët-Boigny au Liberia, mais c’est bien sous sa présidence que la ville a connu un essor remarquable. Dès l’indépendance de la Côte d’Ivoire en 1960, le président a lancé la construction du port de San Pedro, inauguré douze ans plus tard. Ce projet s’inscrivait dans un programme global d’aménagement et d’intégration régionale.
La construction d’une route reliant Abidjan à San Pedro a également contribué à l’essor économique de la région. Ce lien routier a favorisé l’afflux de main-d’œuvre vers la ville, autrefois un simple village de pêcheurs, désormais en plein développement.
Un port en pleine expansion
Ces dernières années, San Pedro a connu un renouveau remarquable. L’État a investi dans la construction d’infrastructures modernes telles qu’une université, un palais de justice et une prison civile. Cependant, c’est surtout au port que la ville doit sa renaissance. En effet, San Pedro abrite le premier port mondial en matière d’exportation de cacao.
L’expansion du port a attiré plusieurs entreprises du secteur cacaoyer, qui ont choisi d’installer leurs usines dans la région. Cette dynamique économique contribue non seulement au développement de la ville mais a également renforcé son rôle en tant que pôle économique majeur de la Côte d’Ivoire.
La réhabilitation de la côtière : un nouveau souffle pour les voyageurs
Depuis quelques années, la route de la côtière, reliant Abidjan à San Pedro sur 353,5 km, était devenue un cauchemar pour les voyageurs. Le bitume dégradé et la chaussée cabossée en avaient découragé plus d’un, les obligeant à faire un détour de 502 km via Gagnoa pour rejoindre San Pedro. Le temps de trajet en car était ainsi passé de cinq à huit, voire à dix heures.
Mais l’espoir est revenu avec le lancement des travaux de réhabilitation de la côtière. Grâce à un investissement de plus de 308 milliards de Fcfa mobilisés par le Président Alassane Ouattara, le tronçon a retrouvé sa splendeur d’antan en seulement 15 mois. La réhabilitation de la côtière est donc une véritable bouffée d’oxygène pour les populations. Elle vient renforcer le réseau routier de la Côte d’Ivoire et facilite les échanges entre Abidjan et San Pedro. Aussi, une excellente nouvelle pour les voyageurs, qui profitent désormais d’une route confortable et sûre pour rejoindre la magnifique ville de San Pedro.
L’Université de San Pedro (Usp) : un pôle d’excellence au service du développement
L’Université de San Pedro (Usp) se positionne comme un pôle d’excellence dans le paysage éducatif ivoirien, formant l’élite de demain. Avec ses quatre Unités de Formation et de Recherche (Ufr) spécialisées, elle offre des formations innovantes qui répondent aux besoins actuels et futurs du pays.
L’Ufr Agriculture, Ressources halieutiques et Agro-industrie vise à fournir des ressources humaines qualifiées pour les grandes industries du pays. L’Ufr Sciences de la mer, forme des étudiants hautement qualifiés dans les domaines de l’océanographie, des ressources marines et des sciences des littoraux. Quant à l’UFR Logistique, Tourisme, Hôtellerie-Restauration, contribue à la qualification du personnel dans le secteur du tourisme, tout en soutenant l’ambition de la Côte d’Ivoire de devenir la 5e destination touristique africaine d’ici 2025. Enfin, l’Ufr Sciences de la santé forme des médecins généralistes pour répondre aux besoins de santé du pays.
En plus de ces Ufr, l’université de San Pedro propose une classe préparatoire aux grandes écoles (Cpge) en Mathématiques, Physiques et Sciences de l’ingénieur (Mpsi) ainsi que deux écoles d’ingénieurs en bâtiment et travaux publics et en construction navale.
Bâtie sur 302 hectares, l’université de San Pedro dispose d’infrastructures modernes, notamment des amphithéâtres et des salles de Travaux dirigés (TD) équipés pour offrir un environnement propice à l’apprentissage. En attendant l’ouverture des cités universitaires, les étudiants sont logés au lycée professionnel de la ville, aménagé pour les accueillir.
Rappelons que l’Usp, a ouvert ses portes à plus de 400 étudiants en octobre 2021 avec une capacité d’accueillir plus de 20 000 étudiants.
Nouveau centre hospitalier régional de San Pedro, une révolution dans les soins de santé
Le 6 avril 2022, le Premier ministre Patrick Achi a inauguré le nouveau Centre hospitalier régional (Chr) de San Pedro, une infrastructure hospitalière de pointe destinée à améliorer l’offre de soins dans le district du Bas-Sassandra.
Construit sur une superficie de 8,1 hectares, cet établissement est équipé de matériels de pointe et d’un plateau technique de dernière génération. Avec une capacité d’accueil de 110 lits d’hospitalisation, il regroupe 15 services intégrés dans 16 blocs, comprenant notamment l’imagerie médicale, l’urgence médicale, la chirurgie, l’ophtalmologie, la médecine générale, la gynécologie obstétrique, la pédiatrie et la réanimation néonatale. Le Chr dispose également d’une pharmacie, de quatre blocs opératoires, de deux laboratoires, d’un cabinet dentaire et d’un scanneur.
« Structure médicale pluridisciplinaire, le Chr de San Pedro répond au mieux aux besoins médicaux et chirurgicaux des patients », assure Mawa Koné, agent de santé.
Les travaux de cette remarquable réalisation, lancés en 2019, ont nécessité un investissement de près de 30 milliards de Fcfa.
Le défi de l’accès aux infrastructures sportives pour la jeunesse de San Pedro
La ville de San Pedro, connue pour sa vitalité économique et son potentiel touristique, fait face à un défi majeur : le manque d’infrastructures sportives et d’espaces de jeux pour sa jeunesse dynamique. Malgré les promesses électorales, ces installations font défaut, et laissent les jeunes sans options de loisirs structurés.
La jeunesse de San Pedro, moteur de demain, est confrontée à des défis quotidiens en matière de loisirs et de développement personnel. Les espaces de jeux sont rares, et les infrastructures sportives nécessaires à leur épanouissement font cruellement défaut. Cette situation souligne naturellement un déséquilibre entre les aspirations des jeunes et les moyens mis à leur disposition pour les réaliser.
La jeunesse , malgré ces obstacles, fait preuve de résilience et d’ingéniosité pour pallier ce manque. Des initiatives individuelles et collectives émergent et montrent l’aspiration profonde de cette jeunesse à s’épanouir et à contribuer positivement à la société.
« Il est impératif que les autorités locales et nationales prennent conscience de cette problématique et agissent rapidement pour combler ce vide. Des investissements dans les infrastructures sportives et les espaces de loisirs sont nécessaires pour offrir à la jeunesse un environnement propice à son développement », nous indiquait Innocent Deto, jeune habitant du quartier Belle ville de San Pedro.
La jeunesse entre oisiveté et déception électorale
La jeunesse de San Pedro se retrouve trop souvent confrontée à l’oisiveté et à la déception. Chaque année, en période électorale, les promesses politiques se multiplient, suscitent espoir et engagement, pour finalement se dissiper dans l’oubli une fois les élections terminées.
Cette situation laisse un goût amer chez les jeunes, qui se sentent abandonnés et trompés. L’oisiveté devient alors une réalité quotidienne, faute d’infrastructures et d’opportunités concrètes pour s’engager et se développer.
Pourtant, la jeunesse de San Pedro regorge de talents et d’énergie. Elle aspire à contribuer positivement à la société et à son propre développement, mais se heurte à un manque criant de soutien et de perspectives.
« Il est temps que les promesses électorales se transforment en actions concrètes. Les jeunes de San Pedro méritent d’avoir accès à des programmes et des infrastructures qui leur permettent de s’épanouir et de réaliser leur potentiel », souligne Ras Fatôtchê, artiste chanteur reggae.
Entre défi et espoir
San Pedro est aussi confrontée à des défis sociaux complexes malgré son potentiel économique. En effet, la ville abrite un grand bidonville, source d’insécurité et de précarité pour ses habitants. Les quartiers de Bardot, Terre rouge, ancien Zimbabwe, devenu Belle ville et Château sont particulièrement touchés par le phénomène des « enfants microbes », des jeunes en conflit avec la loi, qui suscitent une profonde désolation au sein de la population.
Cependant, il est important de reconnaître les efforts déployés ces dernières années pour améliorer les conditions de vie des habitants. Tous les quartiers et hameaux de la ville ont été électrifiés, un pas significatif vers le développement et le bien-être des résidents.
« Malgré ces avancées, l’accès à l’eau potable demeure un défi majeur à relever. Sans un approvisionnement en eau sûr et fiable, la santé et le bien-être des habitants sont compromis. Il est donc important que les autorités locales et nationales intensifient leurs efforts pour garantir à tous l’accès à une eau potable de qualité.» Propose Antoine Kouadio, responsable hôtelier.
San Pedro, l’espoir est permis…
Ville dynamique du sud-ouest de la Côte d’Ivoire, San Pedro est en pleine évolution. Porte d’entrée économique du pays, elle attire les investisseurs et les visiteurs avec son port en expansion et ses zones industrielles florissantes. Mais derrière cette façade économique prospère, se cache une réalité complexe, où la jeunesse peine à trouver sa place.
Le manque d’infrastructures sportives et de loisirs, combiné aux promesses électorales non tenues, laisse un sentiment de frustration parmi les jeunes. Pourtant, ces derniers débordent de créativité et d’énergie, cherchant des moyens de s’épanouir malgré les obstacles.
L’Université de San Pedro incarne l’espoir d’un avenir meilleur pour la jeunesse. Elle offre des formations innovantes et adaptées aux besoins du marché. De même, le nouveau centre hospitalier régional (Chr) représente un pas de géant dans l’amélioration de l’offre de soins dans la région.
Pour que San Pedro continue sur la voie du progrès, il est essentiel que les promesses électorales se concrétisent en actions tangibles qui répondent aux besoins réels de la population.
Ensemble, autorités, entreprises et jeunesse, peuvent faire de San Pedro un modèle de ville équilibrée, où l’économie prospère va de pair avec le bien-être de sa population.
© Akina Dekouassi
